Le
parcours du combattant de la parfaite célibataire (blonde de surcroît) :
Épreuve n°5 : Gérer son image.
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé quelle image vous avez auprès
des gens ? Est-ce qu’ils vous trouvent laid(e), sympathique,
intelligent(e), délurée, calme, inintéressant(e), drôle, ouvert(e) d’esprit,
ringarde, triste, sexy… ?
Et est-ce que cette image est fidèle à ce que vous êtes
vraiment ? Est-ce que les gens sont perspicaces quand ils vous jugent ou se
laissent-ils influencer ?
Je pose toutes ces questions parce que je me rends compte que l’image
que je véhicule est loin de ce que je suis…
Exemple qui illustre mon propos – évidemment je vais divaguer
mais c’est pour bien vous immerger dans l’ambiance et vous faire prendre
connaissance du contexte :
Il y a un mois environ, je suis conviée à une soirée déguisée
organisée pour les 30 ans d’un ami. Appelons-le M. Evidemment, je suis toute
excitée, et ce pour 3 raisons de taille :
- J’adooore les soirées déguisées et on n’en fait
jamais !
- M.
est un vivier de mecs célibataires : à chaque fois que je le vois, il y a
des nouvelles têtes (et pas des moindres) et le lot est régulièrement recyclé,
ce qui est parfait pour la chasse, vous en conviendrez.
- Je vous pouvoir porter mes Louboutin.
Ni une, ni deux, il faut trouver une idée de déguisement, si possible
pas ridicule, si possible même un peu sexy. Idéalement, nous aurions aimé
trouver une idée commune mes amies et moi, mais pas facile dans l’absolu. Du
coup, nous laissons tomber pour naviguer individuellement.
J’opte dans un premier temps pour Marilyn (je rêve de le faire au
moins une fois dans ma vie) puis pour Madonna version Jean-Paul Gautier avec
seins pointus, mais pas facile à assumer là comme ça.
Me voilà dans l’impasse, je vais donc prendre un joker Jean-Pierre, je
lance un appel à mes amies – collègues qui regorgent de bonnes idées !
Youpi. Mon choix est fait : Olivia Newton-John version Grease ce
sera !
En bonne fifille qui se respecte, je cours appeler Moman pour lui
faire part de l’idée. Réaction : « Oh oui, Sandy avec son serre-tête
et sa robe évasée c’est parfait »… (Silence gêné.) « Euh, non plutôt
la version Sandy en cuir noir et talons rouges qui se taperait bien John
(Travolta) dans la fête foraine, tu vois… ». OK, ça, c’est fait.
En bonne Bridget que je suis, je liste tous les accessoires
nécessaires à la réalisation du costume, du pantalon en cuir au maquillage en
passant par le peigne à cheveux et la clope. Et comme je suis une grosse tarée,
et que j’ai peur d’oublier un de mes artifices, je fais un dessin :
(Au regard de ce dessin vous comprenez aisément pourquoi je ne suis
pas graphiste.)
Bref. Liste ou pas liste, dessin ou pas dessin, il me manque un
détail, et pas des moindres : John/Danny !
Je me demande d’abord si un des mecs invités ne voudrait pas se lancer
et m’accompagner et je décide finalement que si je veux choper, autant annoncer
illico la couleur : je suis célibataire, je n’ai pas de vrai John/Danny
sous la main, alors je vais m’en fabriquer un le temps qu’un vrai John/Danny se
manifeste en chair et en os. Et pour cela, je fais appel à mes collègues
adorés… :
Le jour J, je passe un moment dans la salle de bain histoire d’avoir
une crinière qui fasse illusion, je mets la dose de maquillage, enfile mes 12
cm de talon, et… ouais, je me trouve canon (c’est assez rare pour être
souligné). Je suis fin prête, et Dieu merci, j’y vais en voiture.
Je fais mon entrée sur « You’re
the one that I want » et suis ravie de constater au passage que les
gens ont vraiment joué le jeu ! Je circule donc entre Marge Simpson,
Minnie, Batgirl, Indiana Jones, Zorro, Laura Ingalls (Petite maison dans la
prairie), Dragon Ball Z, Lucky Luke, l’inspecteur Gadget, Cherchez Charlie, la
Panthère rose, Mario Bros et consorts, mon verre de punch à la main (seule
goutte d’alcool de la soirée puisque ce soir, je suis Sam, donc je ne bois pas,
ce qui est un plus en fait parce que ça m’évite de… déraper et de… me faire
lécher l’épaule après avoir abusé de la téquila par exemple. Longue histoire.
Ou de distribuer allègrement mon 06. Autre longue histoire.)
Je finis par discuter longuement avec Superman, très sympathique au
demeurant et plutôt attirant. Je pose des jalons, on ne sait jamais, d’autant
plus que mes copines rappliquent en me disant que j’ai un méga-ticket puisque
Superman me jette des œillades appuyées (avec son regard bionique
déshabillant ?). Ah ah, call me Olivia, ce soir je donne tout. On papote,
je relance, lui pose plein de questions sur lui, je ris de bon cœur, enchaîne
les regards yeux de biche en rut… la totale. Jusqu’au moment où le super-héros
me parle… de sa copine ! Je tombe de mes stilettos, me prends une belle
claque, mais je garde le port altier et les pieds cambrés, et décide de changer
de target. Sans rire ! Super-héros mon cul oui ! Maintenant j’ai
perdu un max de temps pour rien, et toutes les autres targets seront déjà
prises ou trop bourrées pour réagir. Génial.
Tant pis, du coup, je papillonne. Puisque j’avais repéré, allez, 5 cibles
potentielles, avec une nette préférence pour 2 d’entre eux, je ne lâche rien.
Heureusement, je n’ai jamais de problème à aller vers les gens et engager la
conversation. Sans compter que costumés, c’est encore plus facile de trouver de
quoi lancer un sujet de conversation. Décidément, j’adooore cette soirée.
Voilà justement M., qui fête avec gloire - et avec alcool - son
passage de dizaine. On bitche un peu (oui, les garçons bitchent aussi) avant qu’il
me dise qu’il me trouve « aguicheuse ». Stop, arrêt sur image (c’est
le cas de le dire !). Bon évidemment, dit comme ça, je le prends pas très
bien. Je ressens un côté péjoratif qui me déplaît et bien sûr, je m’interroge
lourdement sur l’image que j’ai pu renvoyer ce soir…
Pour info, merci le Petit Larousse :
Aguicheuse, adj. et n. (de guiche,
accroche-cœur) : Qui provoque, qui cherche à séduire (qqn) par la
coquetterie, l’artifice.
Bon, avec le recul et la définition sous le nez, il n’a peut-être pas
tort… Et comme j’adore M., je ne lui en tiens pas rigueur, d’autant plus que
cette discussion aura le mérite d’être un bon sujet d’article !
Mais comme j’aime mouliner, et que je porte toujours beaucoup d’intérêt
aux mots que les gens emploient pour me définir, et aux mots tout court d’ailleurs,
je souhaite pousser ma réflexion plus loin puisque c’est aussi un débat
que j’ai pu avoir avec mes amies il y a quelques temps.
Exemple :
Je voudrais vraiment trouver l’homme de ma vie. Celui qui m’épousera,
me fera des enfants, me rendra heureuse et épanouie, m’acceptera telle que je
suis, et auprès duquel je n’aurai pas peur de vieillir parce qu’on aura des tas
de choses à partager. The one quoi.
Oui, mais comme vous l’aurez compris, c’est loin, très loin d’être
évident. LA question : quoi qu’on fait d’ici là ?
Est-ce que je me fixe uniquement sur cette quête en évitant
tout ce qui pourrait potentiellement m’amuser entre temps ?
Et bien je dois l’admettre, ce n’est pas ma philosophie. Je considère
en effet que d’abord, on ne sait jamais ce qui peut arriver, ni avec qui. Du
coup, il ne faut pas hésiter à se jeter à l’eau. Pour moi, toute expérience est
bonne à prendre parce qu’elle t’apprend des choses sur toi, sur les autres, sur
la vie, et te permet du coup d’avancer. C’est la raison pour laquelle d’ici à
ce que je trouve ce putain de prince charmant, oui, je peux être éventuellement
un peu aguicheuse. En tout cas, je cherche à séduire, oui, je l’avoue. Donc c’est
pareil. Bref, M, tu marques un point.
Je crois qu’il y a une raison à ma posture d’aguicheuse : je n’ai
pas confiance en moi. Je cherche donc à me rassurer en me persuadant que je
peux encore plaire.
Et accessoirement, j’aime garder le contrôle de la situation : à
choisir, je préfère draguer plutôt que d’être draguée. Je me sens plus à l’aise,
je gère la situation. Et pourtant, j’ai bien conscience qu’il n’y a rien de tel
que de s’abandonner, se laisser surprendre, lâcher prise.
Ce qui me fait peur en revanche, c’est que nous n’ayons pas en tête la
même définition d’aguicheuse. Si par aguicheuse on entend chaudasse, vulgaire,
qui cherche un one-shot, prête à tout, peur de rien. Non, je ne suis pas dans
cette case-là. Et je prie sincèrement pour que personne n’ait vu ça de moi à
cette soirée parce que ce n’est pas moi, et ce n’est clairement pas l’image que
j’ai envie de véhiculer.
Mais c’est si difficile de gérer son image aujourd’hui : un rien
peut l’altérer, les gossips circulent, les photos défilent vite, les histoires
de cœur et de cul aussi.
Ce que je regrette ? Que les mecs se fient à l’image plutôt que
de chercher à en savoir plus. De se faire leur propre idée. Attention
messieurs, au nom de toutes les célibataires, ne vous fiez pas aux apparences,
vous devriez creuser un peu : il se pourrait que vous ne soyez pas déçus ! :-)