Après une jolie journée de travail – juste assez pour ne pas stresser
– sans esclandre ni client désagréable – avec ce qu’il faut de conversations de
minettes dans le bureau pour égayer les débats – me voilà sur le chemin du
retour, direction mon « happy home ».
Comme d’hab, je suis pressée – en fait, je ne sais pas comment je me
débrouille mais je suis décidément, indubitablement, inéluctablement toujours
pressée en fait. Ce soir, en l’occurrence, c’est pour la – très bonne –
cause : soirée filles et c’est Bridget qui reçoit. Je n’ai pas fait dans
le « Top Cheffette », pas le temps à mon grand désespoir. Ce qui
compte ce soir, c’est nous et nos histoires de meufs.
Bien évidemment, mon bus est blindé, mais je le chope au vol et ainsi,
je gagne quelques minutes sur mon si précieux timing.
Je finis par me retrouver au fin fond de l’engin, en équilibre entre 2
sièges et 14 personnes (sans exagérer of course), mon sac à main géant qui me
démonte l’épaule, un autre sac calé à mes pieds (Quoi ? Je ne sais pas
voyager léger, c’est comme ça, que voulez-vous ? On ne se refait pas. Et
dans mon cas, c’est trop tard anyway.)
Le monsieur assis sur mon 1/3 gauche, à 11H si vous préférez, me
demande alors :
« Vous voulez vous asseoir ? »
Euh, excuse-moi mon chou mais :
1. C’est
quoi ton problème ?! Je te donne vraiment l’impression d’être enceinte ???
Et mes 2 cours de Gym Suédoise hebdomadaires alors ? Ces abdos-là c’est du
béton. Ou presque. Tu veux toucher ?
…
Euh en fait non, je t’avais
pas bien vu, oublie la propal.
2. Est-ce
que j’ai l’air SI fatiguée et SI speed que je te fais pitié à ce point-là ?
Oh merde, et dire que je n’ai que 30 ans… RECTIFICATIF : oh merde, et dire
que j’ai DÉJÀ 30
ans !
3. Tu
as cru que j’avais passé la barre fatidique des 70 ans ?
4. Est-ce
que par hasard tu ferais partie de cette espèce en voie d’extinction : les
hommes galants sans arrière-pensée aucune ? Je serais étonnée que ce soit le cas étant
donné que je n’ai encore jamais rencontré de spécimen de ce genre sur la
surface terrestre. Mais je ne voudrais certainement pas mourir idiote.
Bref, me voilà pantoise, je refuse poliment mais un poil vexée tout de
même, et j’examine allègrement le personnage. Je n’en tire pas grand-chose, si
ce n’est une grande interrogation métaphysique sur l’Humain avec un grand H :
Est-ce que ça ne fait pas un peu peur ? De se dire que l’on ne
peut pas reconnaître en l’autre l’absence d’intérêt quelconque, simplement sa
gentillesse, sa politesse, son savoir-vivre.
Ben si, ça me fait peur.
Mais merde quoi, il a quand même vraiment pensé que j’étais en mode
baleine ?!. Bon, ben je vous laisse, je vais acheter puis appliquer ma crème
anti-rides, me poser des patches défatigants sur les yeux et enchaîner avec une
séance de 350 abdos/minute.
Oui, je vous le dis, tant que je ne serai pas enceinte ou porteuse de
la carte vermeil, je ne veux plus jamais entendre ça !