L’histoire aurait pu s’arrêter là. Oui, elle aurait pu.
Le lendemain de notre rencontre, j’étais sur mon petit nuage, mais néanmoins suffisamment lucide pour glaner des informations sur la situation du Sanglier (ndlr : Sanglier à cause de ses origines ardennaises J).
Verdict : marié, je m’en
doutais. Ça fait mal, mais ce n’est pas le pire. Le pire, ce sont les 2 enfants
issus de cette union : pour le coup, je sens quelque chose se briser en
moi.
Nous passons la journée à nous
envoyer d’innombrables messages, pour avoir l’impression que ce n’était pas
qu’un intermède, pour ne pas oublier la magie de cette nuit, pour prolonger le
rêve.
Rapidement et naturellement, il
est question de nous revoir… chez moi.
J’étais en toute logique extrêmement
stressée par ces retrouvailles : le charme allait-il opérer à nouveau dans
ce contexte ? Allais-je autant lui plaire que la première fois ?
Allait-il autant me plaire que la première fois ? J’avais aussi accumulé
un certain nombre de questions à poser, mais est-ce que j’avais vraiment envie
de tout savoir ? Et si les réponses me bloquaient ?
Quand il passe la porte de mon
appartement, mon cœur est prêt à exploser. Décidément, il fait les choses bien :
parce qu’il hésitait entre une bouteille de blanc et une de rouge, il a apporté
les deux + un bouquet de roses rouges absolument splendides - je les ai tellement bichonnées que j’ai
réussi à les conserver 2 semaines entières. Inutile de vous dire que je ne me
souviens pas la dernière fois qu’un homme m’a offert des fleurs… Une chose est certaine,
c’est que depuis le temps il doit être mort !
Je n’arrive toujours pas y croire
mais il est bien là, assis à côté de moi dans mon putain de canapé Ikea. Il
nous faut très peu de temps pour retrouver notre complicité, les gestes et les
attentions qui me hantent depuis vendredi. Je profite de me sentir à l’aise
pour me confier et surtout pour poser les questions qui pourraient fâcher.
Lui n’en posera pas
beaucoup : il me lit, il sait.
Je n’en pose finalement pas
beaucoup non plus : je n’apprends rien que je n’aie déjà deviné par
moi-même.
Ce qui me touche le plus chez
Lui, c’est cette capacité à gratter la surface pour découvrir la vraie Bridget.
Aller au-delà du masque de la fille épanouie, gaie, enjouée et drôle pour
discerner le côté obscur de la force : la souffrance, la fragilité, la
vulnérabilité. Personne ne s’y est risqué depuis… une décennie ? Peut-être
aussi que je n’étais pas prête à me dévoiler comme je le fais aujourd’hui. Ou peut-être
pas prête à le faire avec un autre.
J’aime sa façon de me regarder,
de me toucher, de me deviner. J’aime sa délicatesse, ses caresses, son odeur. J’aime
ses mots. J’aime savoir qu’il pense à moi autant que je pense à lui. J’aime qu’il
arrive à combler mon besoin incommensurable de tendresse.
Reste que son alliance est toujours
là, entre nous. J’hésite à lui demander de la retirer pour avoir la sensation -
certes puérile - que lorsqu’il est avec moi, il n’est pas avec elle.
Finalement, je ne le lui demande pas, parce que cet anneau me permet de garder
les pieds sur terre : quand je le vois, quand je lui prends la main, je n’oublie
pas. Jamais. C’est sans doute mieux comme ça.
Ce qui ne nous empêche pas de
passer une nouvelle nuit inoubliable dans les bras l’un de l’autre. Et malgré
moi, de me réveiller avec la terrible impression d’être dans la merde, de ne
pas être très fière de ce que je suis en train de faire, moi qui aie si souvent
jugé mes amies dans le même cas, moi qui aie tellement souffert d’être trahie.
Nous nous quittons au matin, et
le jeu des messages reprend. J’aimerais réussir à en parler, me confier à mes
amies, mais j’ai peur. J’ai peur de leur jugement, et en même temps je sais ce
qu’elles vont me dire, elles qui tiennent à moi : que je vais souffrir, qu’il
ne faut pas que je m’attache, que je dois me construire une barrière mentale.
Vous savez quoi ? Tout ça, je me le dis déjà moi-même, je n’ai pas besoin
de l’entendre puisque j’en ai pleinement conscience.
J’en ai pleinement conscience,
oui, mais j’ai envie d’en profiter malgré tout. J’en ai marre de mon cerveau,
marre de me poser des milliards de questions, marre de subir ma solitude. Alors
voilà ce que je vais faire : je vais me laisser porter, vivre l’instant
présent et voir où tout cela me mène : « A trop vouloir éviter le
danger, c’est le bonheur que l’on fuit ».
Depuis ce rendez-vous, nous nous
voyons toutes les semaines. Chez moi. Ce soir sera – à n’en pas douter - notre
quatrième fabuleuse nuit passée ensemble. Dans ses bras.
Oui. L’histoire aurait pu
s’arrêter là. Oui, elle aurait pu.
Mais je suis aujourd’hui tout
simplement incapable d’y mettre fin.
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