jeudi 6 décembre 2012

Bridget et le Sanglier, la suite


L’histoire aurait pu s’arrêter là. Oui, elle aurait pu.

Le lendemain de notre rencontre, j’étais sur mon petit nuage, mais néanmoins suffisamment lucide pour glaner des informations sur la situation du Sanglier (ndlr : Sanglier à cause de ses origines ardennaises J).


Verdict : marié, je m’en doutais. Ça fait mal, mais ce n’est pas le pire. Le pire, ce sont les 2 enfants issus de cette union : pour le coup, je sens quelque chose se briser en moi.

Nous passons la journée à nous envoyer d’innombrables messages, pour avoir l’impression que ce n’était pas qu’un intermède, pour ne pas oublier la magie de cette nuit, pour prolonger le rêve.

Rapidement et naturellement, il est question de nous revoir… chez moi.

J’étais en toute logique extrêmement stressée par ces retrouvailles : le charme allait-il opérer à nouveau dans ce contexte ? Allais-je autant lui plaire que la première fois ? Allait-il autant me plaire que la première fois ? J’avais aussi accumulé un certain nombre de questions à poser, mais est-ce que j’avais vraiment envie de tout savoir ? Et si les réponses me bloquaient ?

Quand il passe la porte de mon appartement, mon cœur est prêt à exploser. Décidément, il fait les choses bien : parce qu’il hésitait entre une bouteille de blanc et une de rouge, il a apporté les deux + un bouquet de roses rouges absolument splendides  - je les ai tellement bichonnées que j’ai réussi à les conserver 2 semaines entières. Inutile de vous dire que je ne me souviens pas la dernière fois qu’un homme m’a offert des fleurs… Une chose est certaine, c’est que depuis le temps il doit être mort !

Je n’arrive toujours pas y croire mais il est bien là, assis à côté de moi dans mon putain de canapé Ikea. Il nous faut très peu de temps pour retrouver notre complicité, les gestes et les attentions qui me hantent depuis vendredi. Je profite de me sentir à l’aise pour me confier et surtout pour poser les questions qui pourraient fâcher.
Lui n’en posera pas beaucoup : il me lit, il sait.
Je n’en pose finalement pas beaucoup non plus : je n’apprends rien que je n’aie déjà deviné par moi-même.

Ce qui me touche le plus chez Lui, c’est cette capacité à gratter la surface pour découvrir la vraie Bridget. Aller au-delà du masque de la fille épanouie, gaie, enjouée et drôle pour discerner le côté obscur de la force : la souffrance, la fragilité, la vulnérabilité. Personne ne s’y est risqué depuis… une décennie ? Peut-être aussi que je n’étais pas prête à me dévoiler comme je le fais aujourd’hui. Ou peut-être pas prête à le faire avec un autre.

J’aime sa façon de me regarder, de me toucher, de me deviner. J’aime sa délicatesse, ses caresses, son odeur. J’aime ses mots. J’aime savoir qu’il pense à moi autant que je pense à lui. J’aime qu’il arrive à combler mon besoin incommensurable de tendresse.

Reste que son alliance est toujours là, entre nous. J’hésite à lui demander de la retirer pour avoir la sensation - certes puérile - que lorsqu’il est avec moi, il n’est pas avec elle. Finalement, je ne le lui demande pas, parce que cet anneau me permet de garder les pieds sur terre : quand je le vois, quand je lui prends la main, je n’oublie pas. Jamais. C’est sans doute mieux comme ça.

Ce qui ne nous empêche pas de passer une nouvelle nuit inoubliable dans les bras l’un de l’autre. Et malgré moi, de me réveiller avec la terrible impression d’être dans la merde, de ne pas être très fière de ce que je suis en train de faire, moi qui aie si souvent jugé mes amies dans le même cas, moi qui aie tellement souffert d’être trahie.

Nous nous quittons au matin, et le jeu des messages reprend. J’aimerais réussir à en parler, me confier à mes amies, mais j’ai peur. J’ai peur de leur jugement, et en même temps je sais ce qu’elles vont me dire, elles qui tiennent à moi : que je vais souffrir, qu’il ne faut pas que je m’attache, que je dois me construire une barrière mentale. Vous savez quoi ? Tout ça, je me le dis déjà moi-même, je n’ai pas besoin de l’entendre puisque j’en ai pleinement conscience.

J’en ai pleinement conscience, oui, mais j’ai envie d’en profiter malgré tout. J’en ai marre de mon cerveau, marre de me poser des milliards de questions, marre de subir ma solitude. Alors voilà ce que je vais faire : je vais me laisser porter, vivre l’instant présent et voir où tout cela me mène : « A trop vouloir éviter le danger, c’est le bonheur que l’on fuit ».

Depuis ce rendez-vous, nous nous voyons toutes les semaines. Chez moi. Ce soir sera – à n’en pas douter - notre quatrième fabuleuse nuit passée ensemble. Dans ses bras.

Oui. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Oui, elle aurait pu.

Mais je suis aujourd’hui tout simplement incapable d’y mettre fin.

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Je suis une femme. Et ouais, plus de « Hé Mademoiselle » qui traîne : à 30 ans, je suis passée du côté obscur de la force. Je suis blonde. Oui, oui, une vraie, à l’état naturel. Avec tout ce que ça comporte comme préjugés. Ma meilleure défense et en même temps mon meilleur plan d’attaque : le classique : « hum, c’est mon côté blonde », valable en toutes circonstances, avec en option le doigt sur la bouche pour le côté naïve-coquine-irrésistible. Pour le meilleur et pour le pire. Parce qu’il faut souffrir pour être blonde, ça se travaille et ça s’entretient Madame, j’vous le dis moi. Je suis célibataire. Un peu. Souvent. De façon récurrente. TOUJOURS. TOUT LE TEMPS ! Ok, ok, je suis un cas désespéré. Je suis drôle bien sûr. Et j’assume. BREF, JE SUIS BRIDGET ! Quand j’ai commencé à écrire ce blog, j’avais simplement envie de partager mes mots et mes maux, comme une thérapie. Maintenant, c’est BEAUCOUP plus que ça : c’est mon petit coin de paradis, c’est mon grand plaisir, c’est ma fierté. Alors « come on in » : ris, pleure, râle, aime-moi, insulte-moi, mais surtout, surtout : amuse-toi autant que moi !!!