Le troisième rendez-vous est plein de promesses : je vais chez
lui ! Ah ah, c’est parfait, ce sera l’occasion de voir s’il n’y a pas des
photos d’ex cachées dans les placards et des vieux slips qui pourrissent sous
le canapé. Notez bien que ça risque d’être compliqué de me contorsionner pour
vérifier le dessous des meubles pendant le dîner. Mais bon, je ne recule devant
rien.
Je l’appelle alors que j’approche dangereusement de chez lui. Il doit
descendre pour m’ouvrir : « J’arrête
la cuisson, j’arrive ».
???!!! Alors celle-là, je ne m’y attendais pas, on ne me l’avait
jamais faite. La dernière fois qu’un garçon m’a invitée chez lui, il a dégainé
une pizza surgelée Monoprix et un vieux pinard qui traînait… Mais justement, ça
me donne le sourire. Trop chou, non ?
En réalité, je ne suis pas très inquiète de toute façon, j’ai bien
raison puisque je constate que chez lui ben… c’est comme chez moi. Enfin, en
mode mec quoi : moins de rouge, plus de taupe – la couleur pas l’animal –
et un écran télé dont la taille m’affole. Je manque de défaillir parce que
c’est bien rangé. Et propre ! (Ou presque parce que je l ‘assume, mes
critères sont extrêmement hauts à ce niveau-là, psychorigidité oblige.) Son
côté militaire ça, c’est certain. Et je suis époustouflée : la table est
mise, bougies et vin qui décante dans une carafe sur la table dressée. Oh mon
Dieu, depuis quand est-ce qu’un garçon a envie de faire tant d’efforts pour
moi ? Je jubile intérieurement. J’ai peur aussi.
Et je ne suis pas au bout de mes - bonnes - surprises : il me
demande ce que je veux boire et me propose du Champagne, qu’il a préalablement
mis au frais. Une jolie coupe de Ruinart Rosé pour commencer, je sens que ça va
être chaud. Enfin j’espère. Un fond jazzy agrémente le tout. On danse, on
profite, RAS. Evidemment, on la finira cette bouteille.
En entrée : une assiette de foie gras, avec tartines de pain tout
juste grillé, petite salade et confit d’oignons maison. Je me demande à quelle
heure il est sorti du bureau le pauvre ! Heureusement qu’il est son propre
patron, ça aide.
J’hésite lorsqu’il me verse un verre de Côtes de Nuits… Là, on a 2
options : soit je picole et je dors sur place, soit je compte rentrer en
voiture et j’ai déjà eu mon quota d’alcool. Lorsque je lui soumets le choix, il
n’hésite pas et me propose de rester… Tant mieux, parce qu’on boit bien
ici ! J Ce
qui n’est pas plus mal, parce que oui, il y a des sujets de conversation qui
pointent le bout de leur nez, et ça va me faciliter un peu la tâche : les ex,
le blog, nos familles respectives… Autant de terrains minés qui pourtant ne
nous minent pas.
Les ex : des histoires similaires, avec peut-être plus de relations
courtes de mon côté.
Le blog : il s’en fout. Enfin non, bien sûr il ne s’en fout pas,
il ne veut pas le lire. Quelque part, ça me rassure, et je lui fais promettre
que s’il change d’avis on en parlera avant. Notez bien que je n’ai rien à
cacher et qu’il sait ce qu’il y a à savoir bien sûr.
Me voici donc soulagée.
Le plat : magret de canard avec carottes glacées, haricots verts
et ce fameux confit d’oignons maison.
Le dessert : il n’y en aura pas, je suis repue. Il avait pourtant
acheté des pots Ben & Jerry’s parce qu’il savait que ce sont mes préférés.
Il ne cesse de marquer des points, je dois bien l’avouer.
La nuit sera à la fois tendre, brûlante et l’occasion de confessions
multiples. Elle restera aussi magique et… platonique. Pour des raisons
techniques (merci Dame Nature !) et aussi parce que nous n’avons pas envie de
brusquer les choses. Incroyable, non ? Il paraîtrait même que je suis
« magnifique ». Je n’ai pas
envie de dormir, j’ai envie de pleurer de bonheur.
Je réalise au matin que je n'ai plus 20 ans et qu'une courte nuit marque légèrement le visage, mais que je rayonne malgr tout, allez savoir pourquoi ! Lorsque je sors de la douche, mon petit-déjeuner m'attend : thé & tartines, jus d'orange & confitures, tout est prêt. Parfait. tellement parfait que je voudrais ne jamais avoir à partir.
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