Je
l’avais prédit, je vous avais prévenus, et ça n’a pas loupé : hier, je me
suis fait larguer.
Notre
chère capitale avait revêtu son manteau gris, comme si elle voulait
m’accompagner, me soutenir, me protéger.
Moi,
j’étais plutôt en forme, j’avais décrété que ce n’était pas parce que j’allais
me faire lourder qu’il fallait que je sois moche. J’étais donc sur mon 31
lorsque j’ai retrouvé le pilote à la sortie du métro.
J’avais
envie de savoir en fait. Plus qu’une envie à vrai dire, un besoin.
Ma
posture en arrivant au point de rendez-vous ? Froide, comme la température
extérieure. Mais je n’ai pas pu garder cette attitude longtemps parce qu’elle
ne me ressemble pas.
Son excuse ?
Pas prêt à se lancer dans une relation, quelle qu’elle soit. Besoin de temps
pour lui.
Son
discours ? Il voulait me le dire en face parce que je le vaux bien. Je n’y suis
pour rien. Je suis parfaite : drôle, intelligente, j’ai du goût, je suis
cultivée, accessoirement très jolie, et – cerise sur le gâteau – un bon coup !
Je ne dois en aucun cas perdre confiance en moi et me remettre en cause.
Bon,
ça ne mange pas de pain d’entendre tout ça, je l’avoue. Je n’arrive même pas à
lui en vouloir du coup. Sans doute parce que je suis une incorrigible gentille.
Ce qui ne m’empêche pas de lui exprimer mon trouble :
« Pour moi, tu sais à quoi ça
ressemble ? J’ai un peu la sensation que maintenant que tu m’as sautée tu
me jettes. »
Il a
l’honnêteté de me répondre qu’en effet, c’est l’impression que ça peut donner,
mais ce n’est (soi-disant) pas le cas.
Je
profite de cette conversation pour essayer d’en savoir plus, après tout, nous
avons tous les deux traversé Paris, autant que j’obtienne quelques réponses. Je
lui demande donc si je fais peur… Et oui. Je m’en doutais, hein, je vous
rassure : on sent bien que Bridget, elle est pas là pour éplucher les
carottes. Elle veut du concret, de l’engagement, de la garantie. Il me dit que
ça ne l’a pas gêné, il peut en revanche imaginer qu’en effet ça puisse en faire
flipper plus d’un. Bande de chochottes va.
Conclusion ?
Rien de sciant, rien d’inattendu, que du prévisible finalement.
Tout
comme ma traditionnelle baisse de moral du jour.
Tout
comme la fin de cette histoire.
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